dimanche 6 mai 2012

La petite broderie qui a attendu longtemps son prince charmant...

Il était une fois une jolie broderie anglaise qui vivait chez son père, un commerçant chinois qui vendait des étoffes polynésiennes dans le quartier chinois. Cette petite broderie anglaise se sentait bien seule dans la boutique de son père, elle était certes ornée comme ses soeurs de jolies fleurs - quoique les siennes étaient beaucoup plus petites et discrètes - mais elle était toute blanche alors que ses soeurs, elles, étaient parées de couleurs éclatantes et ensoleillées.

Ses soeurs ne lui avaient bien sûr jamais fait la moindre remarque à ce sujet mais la petite broderie voyait bien qu'elle était différente. D'ailleurs, la plupart des clientes de son père ne s'arrêtaient jamais pour s'extasier devant elle mais repartaient toujours avec une de ses soeurs. Petite broderie aurait donné n'importe quoi pour pouvoir quitter la boutique et découvrir enfin le monde et peut être même l'Amour...

Petite broderie se languissait jusqu'au jour où une petite couturière est entrée dans la boutique. Celle-là avait l'air différente des autres. Après avoir consciencieusement fait le tour de la boutique, elle s'est arrêtée devant Petite broderie pour ne plus la quitter des yeux. Elle a expliqué à Petite broderie tous les grands projets qu'elle avait pour elle : un grand mariage avec un beau coton blanc issu d'une très bonne famille de Nouméa et célébré en toute pompes par la fée Astrid le Provost en personne. Petite broderie voyant les étincelles s'allumer dans les yeux de la petite couturière n'a pas hésité une seconde, elle a quitté sa famille en compagnie de sa nouvelle amie, avide de partir enfin à la rencontre de son destin.

Sauf que Petite broderie a eu vite fait de se rendre compte que la petite couturière lui avait dressé un tableau beaucoup plus flatteur qu'il n'en était! Le coton blanc en question, certes de bonne facture, était tout de même bien trop rustre pour elle, le mariage fut annulé, le fiancé bien sur éploré et la belle-famille déshonorée...devant tant de scandale, personne ne fit de nouvelle demande en mariage à Petite broderie.

C'est ainsi qu'elle demeura un long moment toute seule dans son coin désespérant de trouver un jour le tissu qui seul saurait lui redonner le sourire...mais vous savez ce que c'est, quand deux êtres sont faits pour se rencontrer, c'est comme si tout l'univers conspirait pour que cette rencontre ait lieu...au détour d'une promenade, une vendeuse de tissus interpella la petite couturière pour lui montrer ses nouveaux produits. Petite couturière, au milieu de tout ce fatras, trouva enfin le fiancé destiné à Petite broderie, un joli coupon de fibranne d'un blanc fier et éclatant. Aérien et soyeux, il ne pouvait que lui plaire. Et la petite couturière ne s'était pas trompée cette fois-ci...ce fut un véritable coup de foudre! Petite broderie put enfin partir à la découverte du monde - enfin des rues de Nouméa - au bras de son pimpant fiancé. Bien sûr, ils vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours. L'histoire ne dit pas s'ils eurent beaucoup d'enfants car la décence ne le permet pas mais tout le monde sait que même les tissus ne font pas toujours dans la dentelle non plus!

Tunique issu du livre "Coton, lin et liberty" d'Astrid Le Provost




10 commentaires:

  1. olalala, qu'elle est belle ta tunique! tu as eu raison d'attendre de trouver le mariage idéal ;-)

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    1. Merci beaucoup! Eh oui, c'était le coup de foudre ou rien! ;-) A bientôt!

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  2. J'ai beaucoup aimé lire ta petite histoire :)
    La tunique est tres jolie,
    XX

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    1. Et j'ai bien aimé l'écrire...même si mon ordi a buggé 1 ou 2 fois à ce moment-là (vive la fonction "enregistrer le brouillon" sur blogger!)! Merci de ta visite! :-)

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  3. J'adore la tunique (et le livre d'Astrid le Provost ;-)) mais surtout, surtout, j'ai adoré ton histoire ! J'ai trouvé un moyen de convertir ma fille au berceau : après les contes de ma mère l'oye, les contes de ma mère la couturière ! Merci pour ce moment de poésie.

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    1. Merci Manuella! Tes compliments me touchent beaucoup! Et tu as bien raison de transmettre le "virus" à ta fille dès le berceau! Couturière de mère en fille, c'est pas mal comme héritage familial! Au fait, as-tu commencé la robe Burda? A très bientôt! :-)

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  4. ravissant !
    tout en finesse !
    j'adore !

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    1. Merci beaucoup Stef! Tu as un bien joli blog plein de douceur! Ca donne envie d'y revenir! :-)

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